17.3.08

Encouragements, pressions, et dépressions


J’écris ce billet en réponse au commentaire de mazsellan sur mon billet Longue prétention doctrinale, bla bla bla. Tout d’abord, merci pour tes encouragements, ça fait toujours plaisir à entendre (heu, à lire). Ça, c’était le bout personnel, maintenant je m’adresse à vous tous, lecteurs de ce blogue merveilleux, héhé.

Sans fausse modestie, je dois dire que je n’ai pas l’impression de mériter toutes ces félicitations, non pas que je faille à ma tâche, mais justement parce que je ne fais que ce que j’ai à faire. Je n’ai pas particulièrement de mérite à m’occuper de P’tite Face, premièrement parce qu’il est vraiment fantastique, mais simplement aussi parce que je suis une maman comme une autre qui a décidé d’avoir un bébé.

Mazsellan a d’ailleurs mis le doigt sur le bobo lorsqu’il dit que : « ça en prend de la colonne pour soi-même, mais surtout pour supporter le regard des intolérants ».

Moi, mon problème, ce n’est pas d’être toute seule, ce n’est pas d’avoir 24 ans, ce n’est pas d’être monoparentale ou aux études, c’est les autres. Peut-être que j’ai une tête de cochon pis que je suis bornée pis que je veux pas les conseils de personne, peut-être que c’est moi qui exagère. Mais vraiment, d’avoir constamment à me battre pour prouver aux autres que ce n’était pas une mauvaise décision, car décision c’en était une justement, personne ne m’a forcée à garder ce petit bébé-là, je l’ai choisi, d’avoir à leur montrer que je suis aussi compétente qu’une femme de trente ans dans l’éducation de mon garçon, qu’il ne manquera de rien, surtout pas de câlins autant que de remise à l’ordre (grâce à mon regard mortel paralysant), c’est vraiment éreintant moralement.

Je connais le refrain, quand quelqu’un apprend que j’ai un garçon, les questions s’enchaînent, toujours les mêmes, plus ou moins dans le même ordre, « T’as quel âge? Y’ a quel âge? Hein! T’as pas l’air d’une mère (ça, vraiment, ça me fait rire, une mère c’est pas nécessairement une larve humaine, des fois, même à trente ans, ça l’air d’une personne ordinaire, ça peut même être jolie une maman, c’est juste moins attendu)! Et la fameuse : « C’était-tu voulu? » Plus aucune inhibition, les gens me mitraillent sans considération pour mon intimité. Évidemment, je réponds invariablement la même chose, que je suis tombée enceinte par « accident », mais que j’ai bel et bien choisi de le garder et, bien sûr, je comprends la curiosité naturelle des gens, je pose parfois les mêmes questions après tout, par contre, je fais aussi remarquer à mon interlocuteur (tout dépendant de qui il est) que personne ne demande à une femme de trente ans si sa grossesse était voulue…(Qu’est-ce que j’ai contre les femmes de trente ans aujourd’hui?).

Encore samedi, après l’épisode traumatisant au Sears, alors que P’tite Face se faisait couper les cheveux, la coiffeuse, d’environ 50 ans habillée comme une fille de 15 (moi aussi j’ai le droit de penser des choses pas fines), a réussi à lui faire dire quel âge j’avais d’une façon très peu subtile. C’était pas méchant, mais bazouelle que 5 ans plus tard ça me tombe encore sur les nerfs. Et moi, comme une belle greluche, je souris comme une annonce de Colgate et je dis en riant : « Ah! Il se souvient de mon âge! J’étais pas certaine qu’il le saurait! » Et bla-bla-bla.

Vraiment, avec le mini recul que j’ai, je me suis aperçue que les deux premières années de vie de mon fils, alors que je débordais d’enthousiasme vis-à-vis la maternité et que je disais à tout le monde de faire des enfants (moi, qui pensais finir en vieille matante cool et sans attaches), je n’en ai pas profité autant que je l’aurais voulu parce que j’étais sans cesse confrontée aux regards des autres, proches et moins proches, et que j’avais sans arrêt mes preuves à faire.

Dernièrement, je discutais avec Amoureux et nous en sommes venus à la conclusion que pour l’instant, avoir d’autres enfants n’entre pas dans nos projets ni à court, ni à long terme. Dans le fond, je trouve ça désolant, mais je me dis justement que je n’ai aucune envie de retourner au front et de recommencer toutes ces batailles qui sont derrière moi maintenant. Le plus épuisant, ce n’est pas de s’occuper de mon bébé, merde ça dort tout le temps, d’ailleurs le mien était particulièrement angélique (hihi, je sais), c’est les constantes confrontations avec le reste du monde. De toute façon, la guerre n’est pas terminée encore, P’tite Face entre en maternelle en septembre, je me refais des forces durant l’été et je retourne affronter la confrérie des parents standards.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Dites dont, j'ai brassé à ce point pour mériter ce grand billet ?

Je ne sais trop ce que ça fait de se faire envoyer tourlours les mêmes remarques parce que tu es une mère de 24 ans. "Sacrilège, qu'on sorte l'eau bénite" :-);-)

Dans mon cas, on me demande souvent : "C'est ta fille ?" et après réflexions, une fois que j'ai dit oui : "Oh, qu'elle est belle". Jamais on ne me demande si je l'ai voulue, si c'est moi le père ou quelques questions nounounes posés par une coiffeuse en manque de jeunesse. (Ça doit pas être jolie à voir en gougounes, bigoudis et jaquette moche elle.)

Donc, je ne peux pas savoir ce que tu vis comme réaction mais je peux tenter de l'imaginer. Puis, bravo pareil de tout faire ça toute seule... même si tu ne veut pas le lire ;-) Il y a trop de parents qui ont des enfants et qui s'en foutent (je reste poli)... Ces enfants sont laissés à eux-mêmes alors tu sais, lorsqu'on a la chance de rencontrer des parents à leur place, ben je me dis qu'il faut le souligner au moins par un petit mot. C'est tout !

Et que dire de ces monstres dont j'ai parlé dans mon billet d'hier... Des écoeurants. Alors toi, Belle Lurette qui fait ce qu'il y a à faire et rien de moins, BRAVO !!! :-)

La belle Lurette a dit...

T'inquiète, c'est seulement que ce sont des choses auxquelles je pense souvent et auxquelles je suis confrontée tous les jours depuis 5 ans, c'est rien de négatif, mais j'ai saisi l'occasion pour exposer mon point de vue, merci encore pour les bons mots