25.3.08

Maman 1, P'tite Face 0


À la suggestion de BB, j'ai acheté un mignon petit agneau de chocolat blanc à P'tite Face pour Pâques, question qu'il comprenne une fois pour toute que c'est moi la plus intelligente des deux (pour la maturité et la sagesse, on repassera).


Réaction quand il l'a vu? Stupeur, incrédulité, rires incertains, excitation interrogation (Pourquoi y'a pas de yeux?), stand-by jusqu'au lendemain (il l'a reçu vers 21 heures en revenant de chez son papa) alors qu'il l'a dévoré pour son dessert du midi (j'ai dû le supplier pour qu'il m'en cède un petit morceau, il m'a laissé l'oreille parce qu'il trouvait ça drôle quand je le lui ai suggéré en dernier recours (ça m'a quand même fait chaud au coeur, lui qui est si raisonnable et pas du tout gourmand (pour vrai là) de voir que le seul chocolat qu'il rechignait à partager avec moi était celui que je lui ai acheté)).


Verdict: c'est bien du chocolat, mais y'est pas blanc parce que avant y'était noir pis qu'on l'a laissé devenir pu bon (comme ceux de l'an dernier), y'était déjà blanc.


J'imagine qu'un jour il va se faire à l'idée que j'ai toujours raison et que je sais ce qui est bon pour lui mieux que tout(e) autre...Rire diabolique de future-belle-mère-folle-enragé-castratrice-et-dominatrice.

17.3.08

Qui a dit que les enfants sont durs à occuper?


Dimanche après-midi, nous avons un looooong tour de métro à faire P’tite Face et moi. P’tite Face est tranquille, comme à son habitude, il parle tout seul, des fois avec moi, chante un peu et se dandine sur son banc.

Tout à coup, il me regarde avec sa fameuse p’tite-face-que-t’as-le-goût-de-croquer et il se met à laisser pendre son bras comme un pendule. Puis, il le lève à l’horizontale et le fait aller de droite à gauche, de gauche à droite sans arrêt. Il me lance un coup d’œil exaspéré :

« Maman! Mon bras arrête pas! »

« Arrête pas de quoi? »

« De bouger! »

« Il bouge tout seul? »

« Oui! C’est fatigant là! C’est pas moi qui fais ça là! Ça bouge tout seul! »

Et de soupirer, et de s’esclaffer en laissant toujours le bras « bouger tout seul », de chicaner son bras et de tout tenter pour l’arrêter.

P’tite Face a une imagination folle et je me demande vraiment où ça le mènera et c’est sans compter les histoires qu’il invente au fur et à mesure du récit qu’il m’en fait, toutes plus abracadabrantes les unes que les autres. En fait, je lui ai, au plus, lu 4 ou 5 fois une histoire en entier depuis qu’il parle, car il ne cesse de m’interrompre et de me contredire, moi je perds patience et je le laisse finir l’histoire lui-même (vous ne voulez pas connaître sa version du petit chaperon rouge).

La pseudo possession de son bras m’a ramenée 1 an ou 2 en arrière, il devait avoir de 2 à 3 ans. Pendant plusieurs mois, P’tite Face conversait avec sa main droite. Il la faisait bouger, parler, je l’ai même surpris à lui donner un câlin et un bisou. SA MAIN DROITE! Voulez-vous bien me dire pourquoi je gaspille mon argent à lui acheter des jouets éducatifs, amusants et résistants? Il nous a même dit, Amoureux en avait mal au ventre, qu’elle était sa meilleure amie.

Mon seul regret : ne pas l’avoir filmé à ce moment-là pour pouvoir lui reposer la question à ses quinze ans.

Tant qu'à se découvrir

Encouragements, pressions, et dépressions


J’écris ce billet en réponse au commentaire de mazsellan sur mon billet Longue prétention doctrinale, bla bla bla. Tout d’abord, merci pour tes encouragements, ça fait toujours plaisir à entendre (heu, à lire). Ça, c’était le bout personnel, maintenant je m’adresse à vous tous, lecteurs de ce blogue merveilleux, héhé.

Sans fausse modestie, je dois dire que je n’ai pas l’impression de mériter toutes ces félicitations, non pas que je faille à ma tâche, mais justement parce que je ne fais que ce que j’ai à faire. Je n’ai pas particulièrement de mérite à m’occuper de P’tite Face, premièrement parce qu’il est vraiment fantastique, mais simplement aussi parce que je suis une maman comme une autre qui a décidé d’avoir un bébé.

Mazsellan a d’ailleurs mis le doigt sur le bobo lorsqu’il dit que : « ça en prend de la colonne pour soi-même, mais surtout pour supporter le regard des intolérants ».

Moi, mon problème, ce n’est pas d’être toute seule, ce n’est pas d’avoir 24 ans, ce n’est pas d’être monoparentale ou aux études, c’est les autres. Peut-être que j’ai une tête de cochon pis que je suis bornée pis que je veux pas les conseils de personne, peut-être que c’est moi qui exagère. Mais vraiment, d’avoir constamment à me battre pour prouver aux autres que ce n’était pas une mauvaise décision, car décision c’en était une justement, personne ne m’a forcée à garder ce petit bébé-là, je l’ai choisi, d’avoir à leur montrer que je suis aussi compétente qu’une femme de trente ans dans l’éducation de mon garçon, qu’il ne manquera de rien, surtout pas de câlins autant que de remise à l’ordre (grâce à mon regard mortel paralysant), c’est vraiment éreintant moralement.

Je connais le refrain, quand quelqu’un apprend que j’ai un garçon, les questions s’enchaînent, toujours les mêmes, plus ou moins dans le même ordre, « T’as quel âge? Y’ a quel âge? Hein! T’as pas l’air d’une mère (ça, vraiment, ça me fait rire, une mère c’est pas nécessairement une larve humaine, des fois, même à trente ans, ça l’air d’une personne ordinaire, ça peut même être jolie une maman, c’est juste moins attendu)! Et la fameuse : « C’était-tu voulu? » Plus aucune inhibition, les gens me mitraillent sans considération pour mon intimité. Évidemment, je réponds invariablement la même chose, que je suis tombée enceinte par « accident », mais que j’ai bel et bien choisi de le garder et, bien sûr, je comprends la curiosité naturelle des gens, je pose parfois les mêmes questions après tout, par contre, je fais aussi remarquer à mon interlocuteur (tout dépendant de qui il est) que personne ne demande à une femme de trente ans si sa grossesse était voulue…(Qu’est-ce que j’ai contre les femmes de trente ans aujourd’hui?).

Encore samedi, après l’épisode traumatisant au Sears, alors que P’tite Face se faisait couper les cheveux, la coiffeuse, d’environ 50 ans habillée comme une fille de 15 (moi aussi j’ai le droit de penser des choses pas fines), a réussi à lui faire dire quel âge j’avais d’une façon très peu subtile. C’était pas méchant, mais bazouelle que 5 ans plus tard ça me tombe encore sur les nerfs. Et moi, comme une belle greluche, je souris comme une annonce de Colgate et je dis en riant : « Ah! Il se souvient de mon âge! J’étais pas certaine qu’il le saurait! » Et bla-bla-bla.

Vraiment, avec le mini recul que j’ai, je me suis aperçue que les deux premières années de vie de mon fils, alors que je débordais d’enthousiasme vis-à-vis la maternité et que je disais à tout le monde de faire des enfants (moi, qui pensais finir en vieille matante cool et sans attaches), je n’en ai pas profité autant que je l’aurais voulu parce que j’étais sans cesse confrontée aux regards des autres, proches et moins proches, et que j’avais sans arrêt mes preuves à faire.

Dernièrement, je discutais avec Amoureux et nous en sommes venus à la conclusion que pour l’instant, avoir d’autres enfants n’entre pas dans nos projets ni à court, ni à long terme. Dans le fond, je trouve ça désolant, mais je me dis justement que je n’ai aucune envie de retourner au front et de recommencer toutes ces batailles qui sont derrière moi maintenant. Le plus épuisant, ce n’est pas de s’occuper de mon bébé, merde ça dort tout le temps, d’ailleurs le mien était particulièrement angélique (hihi, je sais), c’est les constantes confrontations avec le reste du monde. De toute façon, la guerre n’est pas terminée encore, P’tite Face entre en maternelle en septembre, je me refais des forces durant l’été et je retourne affronter la confrérie des parents standards.

15.3.08

Quoi? Ce petit garçon qui me regarde? Connaîs pas.


P’tite Face est tombé par hasard sur le DVD du Bye bye RBO 2007 et il l’écoute en boucle depuis trois jours. Bof, il ne comprend pas vraiment les blagues et vraiment j’ai de la difficulté à saisir ce qui l’accroche, mais bon, j’me dis que ce n’est pas si grave.

J’ai pourtant décidé de porter une plus grande attention à ce qu’il écoutait à la télévision lorsqu’aujourd’hui, au Sears des Galeries d’Anjou, royaume de la p’tite madame pas pressée, alors que passait près de nous un monsieur confiné à un fauteuil roulant électrique, P’tite face s’exclame avec enthousiasme : « J’marche pu, mais j’roule en Tabar****! ».

Comment décrire le sentiment qui m’a envahie à cet instant? Impossible, j’en ai peur.

11.3.08

Lurette depuis le paradis...


Y'as-tu quelque chose de mieux, au lendemain d'un souper entre ami et d'une joyeuse partie de Risk, que de boire un savoureux café tout en croquant dans les restants grillés, beurrés, chauds et sublimement croustillants de la baguette de la veille? Je vous le demande.

10.3.08

Longue prétention doctrinale, pardonnez-moi


Aujourd’hui, je vous montre mon vrai visage : je suis une infâme personne qui ose juger les autres. Oui, je vous le dis, j’ai cette manie terrible de regarder les gens que je croise et de m’imaginer des tonnes de choses sur eux simplement par leur look. J'essaie même de deviner leur vie, des enfants, filles ou garçons, marié, hétéro?

Cette vieille dame aux longs cheveux gris, au maquillage de clown et aux habits dépareillés : trouve-t-elle vraiment son accoutrement beau ou est-elle simplement réellement excentrique? Je me demande si à cet âge je ferai comme elle fi du regard des autres ou bien si simplement elle ne s’en rend pas compte, me rendrai-je compte, moi?

Une femme aux cheveux d’épouvantail (j’y vais fort, mais dans ma tête c’est moins pire), je me dis que ça fait dur. Mais peut-être qu’elle n’a tout simplement pas d’argent pour le coiffeur dispendieux. Je me demande si ma frange coupée par nulle autre que moi-même dernièrement fait le même effet.

Cette autre dame, je l’ai croisé quelques fois, mon Dieu, mais quelle face de beu! Un bon matin, elle croise une amie, elle s’anime, elle parle avec vivacité, passion, humour, je l’écoute tout au long du trajet, fascinée par ses mimiques et ses intonations. Mon regard croise mon reflet dans la vitre, mon Dieu! J’ai donc ben l’air bête quand je ne souris pas!


Je pense que personne n’est à l’abri du jugement des autres, le jugement n’est pas foncièrement méchant, il arrive qu’on juge les gens sur des trucs positifs d’un seul regard, genre « Wow! Il a donc bien l’air sympathique lui! » sans que personne ne s’en formalise. Je crois que le jugement devient un problème quand il est sans appel. Par contre, dès que l'on fait un commentaire critique, on se fait harponner.

J’ai la manie de commenter sur les gens qui m’entourent et souvent ça fait réagir les autres. Le simple fait de constater un trait de caractère particulier chez quelqu’un et de le mentionner fait automatiquement de vous un être borné et méchant incapable de s’ouvrir à la différence d’autrui. On ne peut pas dire : « Unetelle est vraiment susceptible » ou « Chose là, je trouve qu’elle travaille mal » sans que les autres prennent cela aussitôt pour une prise de position contre cette personne et vous réplique brusquement « Ben là! Elle est fine quand même! » Ben oui, elle est fine, ben oui, j’ai du plaisir à lui parler, ben non ça veut pas dire que je l’haïs pis que tout le monde devrait se liguer contre elle dans un boycott sauvage de sa personne. Y’ a des jours où ça m’exaspère plus que d’autre et aujourd’hui, j’avais envie d’en parler.

Moi (suprême Belle Lurette, ma parole vaut de l’or, alors imprégnez-vous), je pense que cette tendance à ne jamais vouloir rien dire sur personne, à moins que ce ne soit positif, dénote une absence d’opinion. Si je veux dire ce que je pense, je dois poser un jugement. Attention, si je concentre mes exemples sur les individus, c’est que c’est définitivement un domaine où les gens sont sensibles, ce n’est pas que j’ai envie de médire de tout un chacun sans arrêt. Est-ce par peur que les autres aient une mauvaise opinion d’eux à leur tour? Je ne sais pas. Mais tout le monde « juge » (le terme est si péjoratif que je grince à l’utiliser, mais je n’en trouve pas d’autre), c’est dans la nature humaine. Comme je le disais tout à l’heure, si le jugement en question résume la personne sur laquelle il est porté et qu’il est inébranlable, ça, c’est un problème. D’un coup d’œil, on a déjà une idée générale de la personne à qui l’on s’adresse, puis au fil du temps ce coup d’œil se précise tout simplement, on a des défauts et des qualités, c’est tout (ça fait un peu Passe-Partout, désolée).

Dernier exemple (qui me démonisera à tout jamais) : je suis tombée enceinte à dix-huit ans, j’en ai maintenant 24 et je ne suis plus avec le père de mon fils depuis trois ans. Profil typique de la pauvre monoparentale. Pourtant, j’ai tout de même poursuivi mes études (il n’a jamais été question du contraire), je travaille pour vivre et je fais une obsession du look de mon fils. Pourquoi cette obsession? Parce qu’il est hors de question qu’il ait l’air d’un enfant pauvre (attention, je ne veux pas dire que je dépense une fortune pour lui acheter du souris-mini, mais que je porte un soin particulier à ce qu’il ait l’air d’un mignon petit garçon bien mis (discrètement, je ne voudrais pas qu’il développe lui aussi une obsession de son apparence)) parce que les gens s’attendent à ce qu’on soit pauvre. Une jeune mère monoperentale, ça reçoit un chèque d'aide sociale pis c'est pas éduqué, c'est une moins que rien. Ça m'enrage.

Le regard que les gens portent sur nous à l’épicerie, au centre d’achats, dans l’autobus en dit long (de moins en moins à mesure qu’il grandit, ça frappe moins). Les gens nous catégorisent, se permette de passer des commentaires désobligeants, voire effrontés que l'on ne penserait pas à faire à une mère de trente ans divorcée, et s’attendent carrément à un certain comportement et façon de penser, genre que je sorte un paquet de cochonneries de mon sac quand P’tite Face me dit qu’il a faim. Mais non, P’tite Face aime particulièrement les canneberges séchées (beurk!). Si je mets autant d’énergie à démolir le préjugé qui naît dans l’esprit des gens lorsqu’ils nous voient, c’est que je les connais ces préjugés.

Quand je vois un petit couple pousser un carrosse au métro, maman à chandail au-dessus du nombril, papa à pantalons jumbo, je pense la même chose que les autres, vous savez, mais je porte en même temps sur moi le même regard (mais je ne porte pas de chandail au-dessus du nombril par contre). N’est-ce pas terrible?
P.S. : Je l'ai déjà remercié maladroitement, mais elle a résumé ma pensée ici et ici sans le savoir, mais d'une façon juste et nette. Merci encore! ;)