23.1.09

Relectures



Alors voilà, la quatrième session de mon bacc est bel et bien entamée. Lorsque je rétrospective (oui?), je m’aperçois que j’aime vraiment mes études, la plupart des aspects de celles-ci m’intéressent énormément, d’ailleurs, cela me pose problèmes quant à l’après-bacc, à savoir, la maîtrise et le sujet de cette dernière. Mais peu importe pour l’instant, même si je disjoncte de temps en temps, J’AIME LES ÉTUDES LITTÉRAIRES À L’UQÀM!

Un deuxième coming out sur ce blog rocambolesque à souhait.

Malheureusement, en attaquant ces études, ambitionnant à tout le moins la digne position de chômeuse bachelière au foyer, j’ai néanmoins perdu quelque chose. Quelque chose de gros. Quelque chose qui jusqu’à maintenant avait probablement été une des seules constante de ma vie, you know. THE THING.

Je lis, je lis, je lis…Sans réel plaisir de lecture. Sans vraiment avoir envie de connaître la suite. Il m’arrive même à l’occasion, d’abandonner des romans en plein cours de lecture. Je sais pas si vous pouvez vraiment sentir tout le poids de cet italique tragique. On devrait me marquer de la lettre écarlate du péché mortel.

Je ne sais plus choisir un livre. Me voici à la librairie, zieutant, ayant envie de tout. Et de rien. Les romans ne suscitent plus mon intérêt, enfin, pas tant que ça. Bien sûr, je lis encore, j’ai toujours fait ça, je ne vais pas arrêter, hein. Par obligation, bien sûr, j’ai nombre de livres à lire pour mes cours, mais loisirement parlant, on dirait, une habitude.

Avant, ma sacoche ne quittait jamais la maison sans un livre bien au chaud dans ses entrailles bordéliques. Maintenant, j’me dis bof! J’f’rai les mots croisés du journal. Dans l’temps, je pestais contre le chauffeur d’autobus qui conduisait trop vite me forçant à interrompre ma lecture au moment le plus palpitant, ou non. Maintenant, je ne lis pratiquement plus dans le bus, je préfère regarder dehors. D’ailleurs, ces moments palpitants, je les ais perdus, ils sont indissociables du plaisir de la lecture, le lecteur doit avoir envie de tourner la page pour que le texte prenne sens. Maintenant, bien souvent, les romans que je lis ne sont qu’une suite de mots que je me hâte de parcourir, mécaniquement

Dans le cadre d’un cours, nous sommes entrain de lire le roman Si par une nuit d’hiver un voyageur d’Italo Calvino. C’est le deuxième roman de Calvino que je lis et comme le premier, j’adore. Croyez-moi, ça fait longtemps que je n’avais pas eu cette envie de terminer le livre au plus vite, pas pour passer à autre chose, mais bien pour en connaître le dénouement. Lorsque j’ai lu Le chevalier inexistant, je n’étais pas encore désabusée de la lecture. Maintenant, j’adore parce que ce livre amène des pistes de réflexions sur la lecture qui répondent à peu près aux tergiversations que je viens de vous servir et qui me tourmentent depuis plusieurs semaines, c’est comme s’il ne réglait pas mon problème, mais qu’au moins, il pouvait l’expliquer.

Le narrateur de ce roman s’adresse directement au Lecteur que nous sommes et tente de mettre en lumière la relation particulière qui existe entre lui et le livre. « Tu vas commencer le nouveau roman d’Italo Calvino, Si par une nuit d’hiver un voyageur. Détends-toi. Concentre-toi. Écarte-toi de toute autre pensée. Laisse le monde qui t’entoure s’estomper dans le vague. » C’est vraiment chouette de voir que l’auteur nous parle comme s’il nous observait vraiment, alors qu’en fait, en tant que lecteur, nous ne faisons que reproduire des gestes et des habitudes communs à tous les lecteurs.

Par ailleurs, il fait rencontrer au Lecteur une Lectrice avec qui ce dernier voudra partager son expérience de lecture, mais il (le Lecteur) s’apercevra bien vite que la lecture est un bien dont chacun use à sa façon. La Lectrice refuse de voir dans la lecture autre chose qu’un divertissement, elle veut ignorer tout ce qui concerne la génération du livre : « Il y a une ligne de partage : d’un côté, ceux qui font les livres; de l’autre, ceux qui les lisent, et pour cela je fais attention de me tenir toujours en deçà de la ligne. Sinon, le plaisir désintéressé de lire n’existe plus, ou du moins il se transforme en quelque chose d’autre, qui n’est pas ce que je veux moi. »

Confirmant ce point de vue, le roman met plus loin en scène un auteur, fasciné par une lectrice (une autre ou la même, c’est sans importance) et envieux de sa position. « Dans une chaise longue, […] une jeune femme est là, qui lit. Tous les jours avant de me mettre au travail, je reste un peu de temps à la regarder à la longue-vue […] il me semble cueillir sur sa forme immobile les signes de ce mouvement invisible qu’est la lecture, le parcours du regard, le rythme de la respiration, et plus encore le glissement des mots à travers sa personne, leurs flux et leurs blocages, les élans, les retards, les pauses, l’attention qui se concentre ou se disperse, les retours en arrière, ce parcours qui semble uniforme et qui est en réalité toujours changeant, toujours accidenté. […] Tout ce que je fais a pour fin, quoi? L’état d’âme de cette femme étendue sur une chaise longue que j’encadre dans les lentilles de ma longue-vue, et cet état d’âme là m’est refusé.»

Ainsi, la lecture cesserait d’être ce qu’elle est à partir du moment où on passe de « l’autre côté », une fois qu’on en explore les rouages, comme un tour de magie ne devient qu’une procédure bien réglée une fois qu’on connaît le truc. J’ai bel et bien la piqûre du spectacle, mais depuis quelques temps, mon interprétation sonne faux et j’ai l’impression que mon rôle me file entre les doigts. J’ai perdu le feu sacré, la raison pour laquelle j’ai inscrit études littéraires lors de ma demande d’admission plutôt qu’enseignement ou psycho.

Je n’ai pas terminé le roman de Calvino (pour l’instant!), je ne sais donc pas s’il est possible que ce plaisir revienne et je doute même que le roman tente de répondre à cette question. Il me reste toujours l’espoir qu’un jour, je saurai transmettre ce don que j’avais à d’autres naïfs que la vie n’aura pas encore corrompus!

Well, the show must go on!

7 commentaires:

Anonyme a dit...

De session en session, les billets s'allongent, on dirait!

Je crois par contre que c'est normal de se délaisser de la lecture pour un temps. Moi, j'attends toujours le livre qui va me faire replonger dans le monde du livre.

Bonne chance Lurette future bachelière!

-CaR0- a dit...

Salut!
Décidément, je suis de plus en plus certaine de te connaître à chaque fois que je me retrouve sur ton blog. J'adore te lire, et c'est en partie parce que je me reconnais dans tes aventures, ayant terminé mon bacc. en études littéraires au printemps dernier. J'ai essayé de lire l'été dernier le roman d'Italo Calvino dont tu parles, mais je n'y suis pas arrivée. Je ne rentrais pas dedans, j'ai fini par l'abandonner. Tu me donnes bien envie de lui redonner une chance, par contre.

J'aimerais te faire suggestion du dernier roman que j'ai lu et qui m'a vraiment beaucoup plu: Kafka sur le rivage, de Murakami. Tu peux aller voir sur mon blog, si tu veux une image et une petite description.

À la prochaine! ;)

La belle Lurette a dit...

@aro: Ta suggestion de livre m'intéresse grandement (t'sé quand y'a Kafka dans le titre, ça fait plusse littéraire (snob)), sans blague, le titre m'avait déjà accroché auparavant, je le rajoute à ma loooongue liste.

À propos du roman de Calvino, quelques personnes dans le cours aussi n'ont pas réussi à embarquer, c'est tout de même particulier comme lecture, c'est certain. Mais comme il m'est arrivé souvent, rien ne dit que si tu retentes le coup, tu n'y accrocheras pas cette fois aussi!

P.S. Mreci pour ton "témoignage" d'appréciation, ça fait toujours plaisir à lire!

La belle Lurette a dit...

@Pseudo-anonyme-amoureux: en ce qui concerne le livre qui va te faire replonger dans le monde du livre, c'est pas comme si les suggestions manquaient à la maison non? Tu devrais peut-être me laisser te guider une fois de plus! ;)

Anonyme a dit...
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La belle Lurette a dit...

Plaît-il?

Anonyme a dit...
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